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Thibaut Moulin, PDG de Mob : « Innovations, industrie verte, énergie… Notre précieux savoir-faire de forgeron nous permet de relever tous les défis ! »

Actus 04.10.2023
Thibaut Moulin, PDG de Mob : « Innovations, industrie verte, énergie… Notre précieux savoir-faire de forgeron nous permet de relever tous les défis ! »

Opération réussie ! Plus de cent ans après sa création, Mob aura résisté à toutes les crises. Face à la concurrence mondiale, au Covid ou à la hausse du prix de l’énergie, l’entreprise familiale basée dans la Loire fait front, affichant une croissance de 15 % sur ces deux dernières années. Comment ? Grâce à son savoir-faire, à ses valeurs authentiques. Et modernes ! Le spécialiste des outils à main pour la maintenance industrielle voit ainsi l’avenir sereinement. Défense du « forgé en France », feuille de route environnementale et industrie verte, réparabilité, pérennité de l’entreprise, conquête de nouveaux marchés… Le PDG de Mob, Thibaut Moulin, nous livre sa vision d’industriel engagé. Avec convictions. Rencontre.

Mob est né en 1920. Plus d’un siècle après sa création, comment se porte l’entreprise ?

Thibaut Moulin : L’entreprise se porte bien. En deux ans, nos ventes ont progressé de 15%, grâce à notre dynamisme actuel et nos racines anciennes. A l’origine, Mob a été créée par mon arrière-grand-père qui était issu du monde paysan en Haute-Loire. C’est dans l’entre-deux-guerres qu’il est descendu dans la vallée de l’Ondaine pour participer au mouvement d’industrialisation. Il a appris le métier de forgeron et a créé une petite entreprise avec deux ou trois de ses collègues. Et cette petite entreprise s’est développée. Aujourd’hui, si vous exercez un métier qui se pratique sans ordinateur, c’est que vous avez à coup sûr un outil à la main, que ce soit dans la construction, dans l’industrie… Et ces outils sont de plus en plus élaborés, avec des machines-outils qui nécessitent elles aussi de l’outillage à main pour les réparer. Nous sommes au cœur de la machine. L’outillage à main est le plus vieux métier du monde et cela perdurera encore longtemps. Notre conviction ? C’est que nous ne pouvons pas nous passer de ces outils. Ce sont des métiers éternels et qui évoluent, résolument tournés vers l’avenir.

Quelle est votre vision des défis de votre secteur, l’industrie ?

Thibaut Moulin : Nous avons chevillée au corps cette volonté d’être industriel. Et de le rester ! Il y a 25 ans, il y avait environ 80 usines d’outillage à main en France. Aujourd’hui, nous devons être une vingtaine, c’est quatre fois moins ! Nous avons résisté avec force à la vague de désindustrialisation qu’a connu la France sous la pression de la compétitivité asiatique. Aujourd’hui, nous avons le sentiment d’être redevenu à la mode, dans l’air du temps, parce que l’on parle à nouveau de souveraineté industrielle et économique. Quand d’autres sont partis, nous avons su relever le défi de rester en France et en Europe, et nous ne voulons pas en rester là. Il est aussi beaucoup question de RSE, de limitation des gaz à effet de serre. Pour beaucoup de ces sujets, nous sommes un élément de réponse.

« Tirer la croissance du marché de 3% chaque année pour pérenniser nos savoir-faire et notre identité »

Comment Mob a résisté à ce mouvement de désindustrialisation ?

Thibaut Moulin : Nous sommes restés une entreprise familiale. Il y a un actionnariat de long terme avec une constance dans la vision et un ancrage territorial. Beaucoup de nos concurrents ont été rachetés par des entreprises étrangères. La permanence de notre culture d’entreprise nous a permis de maintenir notre savoir-faire et de garder plus facilement nos équipes. Avoir des forgerons en France est un véritable défi. Cela passe par de l’investissement sur de la formation en interne parce que les formations d’État ont presque toutes disparu. Et cela passe avant tout par une culture d’entreprise avec des gens fiers de travailler ici. Il y a un fort sentiment d’appartenance, une grande fierté du travail réalisé et de la très bonne réputation de l’entreprise. Quand je suis arrivé, j’ai été marqué par la fierté des gens d’avoir travaillé pour mon grand-père. Aujourd’hui, nous sommes très attentifs au fait de pérenniser notre savoir-faire, notre identité. Notre ambition pour ce faire ? Tirer la croissance du marché de 3% chaque année. Pour nous, c’est un objectif de croissance durable, soutenue mais raisonnable.

La réindustrialisation de l’Hexagone fait partie des priorités des pouvoirs publics, notamment avec le projet de loi « industrie verte ». Que vous inspire cette stratégie ?

Thibaut Moulin : C’est une stratégie sincère. Les pouvoirs publics sont animés par une réelle volonté de réindustrialisation du pays. Être demain le pays leader de l’industrie verte en Europe est un bel objectif, dans lequel s’inscrit pleinement Mob. Mais cette stratégie se heurte à plusieurs difficultés importantes : l’augmentation du prix de l’énergie, et surtout, les difficultés de recrutement et les difficultés pour trouver du foncier pour construire de nouvelles usines. Ce sont aujourd’hui les principaux freins, même si l’Etat a commencé à baisser les impôts de production. Localement, nous bénéficions du « Pack relocalisation » de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, permettant de soutenir l’investissement industriel et développer le Fabriqué en France. Cela étant, nous avons chez Mob des difficultés de recrutement, mais notre réputation locale nous permet d’y faire face sereinement. Cela passe par des efforts importants, mais cela fait partie de nos valeurs. Nous sommes conscients de la responsabilité sociétale que nous avons.

« Il n’y a pas de réindustrialisation sans outillage à main »

Conserver une production française, est-ce un choix difficile ?

Thibaut Moulin : Au cours des décennies qui se sont écoulées, la question s’est régulièrement posée parce que nous voyions bien ce qu’il se passait autour de nous. Mais la délocalisation n’est pas une option, ce n’est tout simplement pas envisageable. Ce serait renoncer à ce que nous sommes, des fabricants français d’outillage à main. Notre ADN est de maintenir notre savoir-faire et nos emplois, et de les développer. La seule question à se poser est comment on y parvient-on. Notre métier, ce n’est pas uniquement de vendre des outils, c’est aussi de les concevoir et de les fabriquer ici, sur nos territoires.

La crise Covid a-t-elle eu un impact sur le secteur de l’outillage à main ? Qu'en est-il pour Mob ?

Thibaut Moulin : Les conséquences de cette crise ont été très variées en fonction du type d’utilisateur. Pour notre utilisateur principal, à savoir les acteurs de l’industrie, les conséquences à moyen-long-terme sont finalement plutôt favorables. Cette crise Covid a été le déclencheur d’une prise de conscience : celle de l’importance de l’autonomie de la France, de sa souveraineté. Elle a contribué à remettre sur le devant de la scène la nécessité d’une réindustrialisation. Et je suis convaincu qu’il n’y a pas de réindustrialisation sans outillage à main. Nous sommes un peu la fourmi dans l’ombre, mais l’outillage à main est la base de la chaîne alimentaire industrielle ! Au moment de la crise du Covid, notre secteur a plongé beaucoup moins violemment que d’autres secteurs. Il n’y a pas non plus eu d’explosion de l’activité post-covid comme dans l’équipement de la maison ou le bâtiment. En revanche, il y a quelque chose de plus durable dans l’industrie, qui, comme Mob, continue de progresser.

« Mob mise depuis longtemps sur l’électricité, gage de qualité »

Incertitudes géopolitiques, guerre en Ukraine, augmentation du coût des matières premières et de l’énergie… Qu’est-ce que ce contexte change pour Mob ?

Thibaut Moulin : La principale difficulté, c’est l’augmentation du prix de l’énergie, bien plus que le prix des matières premières qui a toujours fluctué et qui s’est plutôt assagi. Le prix de l’électricité est lui l’un des rares avantages concurrentiels de la France. Il est pourtant en train de disparaître. Chez Mob, nous avons depuis longtemps misé sur l’électricité. Pourquoi ? Pour deux raisons. D’abord, c’est d’abord un gage de qualité, parce que la chauffe par induction permet d’obtenir une plus grande précision de la température. Ensuite, la seconde raison est que dans les années 90, nous avions déjà le sentiment qu’avec l’électricité, nous achetions français. Aujourd’hui, ce parti pris paie.

C’est-à-dire ?

Thibaut Moulin : Prenez l’exemple de notre forge. Nous avons besoin de chauffer l’acier deux fois : une première pour le forger, et une seconde pour ce qu’on appelle le recuit. Après la première chauffe à plus de 1 000°C, nous refroidissons violemment la matière pour lui donner sa dureté, c’est la trempe. La seconde chauffe est moins importante, avec ensuite un refroidissement très lent pour éviter tout risque d’éclat. Il s’agit donc de chauffer deux fois des centaines de tonnes d’acier. Pas besoin de dessin, cela nécessite beaucoup d’énergie !

Vous n’avez donc pas attendu la crise énergétique pour vous mettre en ordre de bataille…

Thibaut Moulin : C’est vrai, mais cela ne veut pas dire non plus que nous n’avons pas été impactés par l’explosion des prix de l’énergie. Cela reste une composante importante de notre coût de production. Mais cette explosion du coût de l’énergie a eu un effet vertueux, elle nous a poussés à réfléchir davantage pour diminuer encore de notre consommation d’énergie. Bien sûr, les contraintes techniques de la forge sont ce qu’elles sont. Mais nous pouvons toujours nous assurer que nous chauffons la matière juste à temps. Nous pouvons aussi regarder si un composant d’une machine ne peut pas être changé, pour consommer moins d’énergie. Nous réfléchissons également beaucoup à la solution photoélectrique qui nous semble assez pertinente pour rendre notre production plus vertueuse.

« Mob s’inscrit dans le respect des objectifs environnementaux fixés par l’Accord de Paris »

D’un point de vue environnemental, quels objectifs vous fixez-vous ?

Thibaut Moulin : Nous souhaitons être ambitieux. Pour Mob, les objectifs fixés par l’Accord de Paris sont notre boussole. J’ai la conviction que nous n’avons pas le choix. A notre échelle, nous devons contribuer à limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels et diminuer nos émissions de gaz à effet de serre de 43% d’ici à 2030, comme le stipule ce traité international issu de la COP21 des Nations Unies conclu en 2015. Il nous reste à trouver les moyens pour les réaliser. Plus nous allons avancer dans le temps, plus ce sera une évidence. Ceux qui vont perdurer sont ceux qui seront les plus vertueux. Et comme notre volonté profonde est de perdurer, de pérenniser les emplois, notre savoir-faire et la qualité de nos produits, nous nous inscrivons dans une démarche de long terme.

Et sur l’aspect sociétal, quels engagements prenez-vous ?

Thibaut Moulin : Aujourd’hui, Mob se positionne parmi les plus vertueux : nous préservons l’équilibre des intérêts : conservation de nos emplois et de notre compétitivité. C’est pour cela que nous nous inscrivons dans ces objectifs environnementaux de l’Accord de Paris. Si nous pouvons faire mieux, nous ne nous priverons pas. Et nous sommes en ordre de bataille pour tout faire pour les atteindre, sans aller à l’encontre de nos valeurs.

« En matière de RSE, nous promouvons la réparabilité de nos outils »

Justement, votre politique RSE est-elle un axe de développement majeur pour Mob ?

Thibaut Moulin : Absolument, cela rejoint mes réponses précédentes. Ces dernières années, nous avons réalisé un état des lieux en matière de responsabilité sociétale de notre entreprise (RSE). Le constat, c’est que nous pouvons faire encore mieux.  Nous nous servons donc de cet audit pour nous améliorer en permanence. Côté énergétique, nous n’utilisons quasiment plus d’hydrocarbures dans notre production, nos émissions de gaz à effet de serre sont donc extrêmement faibles. En revanche, nous avons encore des efforts à mener sur le chauffage des bureaux ou le transport. Cet aspect est très important pour nos salariés, c’est ce qui contribue aussi à la fierté de travailler dans l’entreprise. D’ailleurs, lorsque nous avons commencé à recenser nos efforts en la matière, nous avons ressenti une véritable appétence de la part de nos salariés qui étaient ravis qu’on les interroge et qu’on leur propose de réfléchir à ces différents sujets RSE. Ainsi, chacun a pu s’impliquer selon sa sensibilité sur l’aspect environnemental, sociétal ou encore local. Résultat, nous avons eu notre première note Ecovadis en 2020.

Quelle place occupent la durabilité et la réparabilité des outils Mob ?

Thibaut Moulin : Une place majeure ! Car ce sont deux notions consubstantielles à la marque. Nous continuons donc à travailler sur ces axes-là. Aujourd’hui, le sujet le plus important est celui de la disponibilité des pièces de rechange. Nous travaillons à promouvoir la réparabilité qui existe depuis toujours sur nos produits – faits d’acier – mais qui peut toujours être améliorée. Nous en tenons compte dans nos nouvelles conceptions. Il s’agit de faciliter la réparation de nos outils par les utilisateurs eux-mêmes. Nous devons faire en sorte qu’il soit aussi facile d’acheter une pièce de rechange que le produit neuf. Nous avons toujours eu cette vision de l’outil, qui se transmet de génération en génération, des outils qui sont réparables. Nous ne faisons aucun compromis sur la qualité. Nous savons que pour l’utilisateur, l’outil est essentiel. Leur savoir-faire est encore plus important, mais la qualité de leur travail dépend aussi beaucoup de la qualité de l’outil utilisé pour le réaliser. Les utilisateurs, quand ils arrivent sur le lieu de leur mission, doivent être sûrs que l’outil ne va pas les lâcher. C’est notre responsabilité de leur donner ce pouvoir, pour reprendre notre slogan.

« Notre R&D nous permet d’innover sur nos outils comme sur nos process de fabrication »

Si vous deviez avoir un outil préféré, quel serait-il ?

Thibaut Moulin : Je pense tout de suite au marteau Duo. Forgé avec talent à Saint-Etienne par nos équipes, il regroupe plusieurs caractéristiques essentielles. Avec cette innovation, nous nous sommes demandé comment nous n’avions pas eu cette idée plus tôt ! Et quand on se pose cette question, c’est généralement bon signe. Cet outil combine les deux outils de frappe les plus utilisés dans l’univers de la mécanique ou de la maintenance : le rivoir français et le maillet. Tout le monde les a dans sa boîte à outils. En plus de cela, non seulement notre Marteau duo combine les deux, mais en plus, il est meilleur que les deux séparés. Nous avons en effet créé un maillet qui, du fait de son poids, possède une puissance inégalée. Nous en sommes très fiers.

Maîtrise de l’outil industriel et innovation vont donc de pair...

Thibaut Moulin : Bien sûr. Nous avons su développer un savoir-faire industriel spécifique. Nous développons nos propres machines pour pouvoir inventer de nouveaux produits. Aujourd’hui il n’existe pas de fabricants de machines adaptées à la fabrication de nos outils. Avec cet outil industriel, nous pouvons créer des produits compétitifs tout en les réinventant. Par exemple, nous sommes parvenus à réinventer la pince à décoffrer tout en la relocalisant en France : c’est la Powerbar Mob. Il y a eu la conjonction de deux savoir-faire : celui du développement produit et celui du développement machine, pour nous permettre de fabriquer cet outil. Nous avons une double casquette, celle de R&D pour innover autant sur nos produits que sur nos process de fabrication.

« Notre feuille de route ? Conquérir de nouveaux marchés grâce à notre avantage compétitif »

Quelles sont les perspectives pour Mob et votre ambition pour l’avenir ?

Thibaut Moulin : L’entreprise comme nos outils ont vocation à être transmis à la génération suivante. Nous travaillons pour que la 5ème génération reprenne le flambeau, tout comme nos outils sont conçus pour être transmis à ses enfants. Notre ambition pour Mob, c’est aussi de donner des moyens à la réindustrialisation de la France et de l’Europe. Nous travaillons à nous étendre à l’étranger en ouvrant régulièrement de nouveaux fronts, au Bénélux, en Espagne… Nous avons une vision européenne. Ce qui est assez exceptionnel aujourd’hui, c’est que l’univers de l’outillage à main professionnel est quelque chose de très local, national. Mob a su faire perdurer une qualité unique grâce au fait que nous disposons encore de nos usines. Ainsi, nous pouvons nous différencier en France mais aussi dans d’autres pays. C’est une vraie richesse. Nous avons un savoir-faire que d’autres n’ont pas pu ou pas su maintenir et cela nous donne un avantage compétitif pour partir à la conquête d’autres marchés européens. Ce sera notre feuille de route pour les années à venir.

A tous les professionnels de la maintenance et de l’industrie qui utilisent vos outils et nous lisent, que souhaitez-vous leur dire ?

Thibaut Moulin : Pour Mob, être fier du travail accompli est essentiel, ou alors c’est qu’il ne mérite pas d’être fait. Nous savons que la dextérité de ces techniciens est colossale. Ce sont ces experts qui, durant leurs opérations, sauvent les machines de la panne, les réparent, souvent dans des conditions contraignantes. Nous sommes donc extrêmement fiers d’être en quelque sorte l’instrument de leur savoir-faire, pour qu’ils en tirent le meilleur. L’outil Mob permet à leurs compétences et à leur expertise de s’exprimer. Et de transformer leur environnement. Nous imaginons et forgeons vos outils, vous avez donc le pouvoir !

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